La faiblesse de l’investissement en France

Par François Gourio

L’INSEE a publié le 14 août la première estimation de la production française (le PIB) pour le second trimestre 2013. La plupart des observateurs ont souligné le chiffre positif de +0.5% de croissance réelle (c’est-à-dire ajustée de l’inflation)  par-rapport au premier trimestre, soit un rythmne de croissance raisonnable de 2% par an.

Il faut prendre ces résultats avec précaution pour au moins deux raisons : d’une part, ces chiffres sont volatils d’un trimestre sur l’autre, et donc on ne peut guère extrapoler à partir d’une observation. D’autre part, il ne s’agit que de la première estimation, qui est sujette à des révisions. (L’INSEE rafine le calcul du PIB une fois que plus de données sont disponibles.) Pour donner un ordre de grandeur, la révision typique est de 0.3%  dans un sens ou dans l’autre.

Mais un aspect qui persiste depuis plusieurs années mérite d’être souligné : la faiblesse de l’investissement productif. La figure ci-dessous montre la part de l’investissement des entreprises dans le PIB. Pour faire simple, cela mesure la somme des achats de nouvelles machines de production (ordinateurs d’entreprises, camions, machine-outils etc.) et de la construction de nouveaux bâtiments de production (usines, centres commerciaux ou bureaux etc.), en part de la production totale.

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Le déclin continu de l’investissement est inquiétant.

On voit bien qu’après une hausse importante entre 2006 et début 2008, l’investissement a baissé fortement (encore plus vite que le PIB) pendant la première phase de la crise (Lehman Brothers pour faire simple). S’est ensuivie une reprise qui a été complètement interrompue à partir de l’été 2011 par la crise de la zone Euro.

Les causes de la faiblesse de l’investissement sont probablement multiples : faible demande en Europe, restriction du crédit dans le contexte de la crise bancaire et de l’application des nouvelles règles de Bâle et de l’Union Européenne, augmentation des impôts sur le capital par le gouvernement Français, incertitude plus générale sur les perspectives à moyen-terme.

Quoiqu’il en soit, il est difficile de croire que la reprise française puisse continuer sans investissement accru. Le déficit extérieur ne ferait que se creuser, et l’emploi ne reprendrait pas de façon significative.

Pour être complet, la figure ci-dessous donne une perspective de plus long-terme sur ce ratio investissement-PIB : on voit bien les cycles économiques (points hauts en 1991, 2001 et début 2008).

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6 réflexions au sujet de « La faiblesse de l’investissement en France »

  1. Statis

    0,3% de révision trimestrielle moyenne entre les Premiers Résultats et les Résultats Détaillés, vous êtes durs… Une note d’eurostat traîne quelque part, évaluant la revisabilité de la première estimation, l’Insee révise mais pas autant.

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      1. Statis

        Ok! 0,3 de std de révisions entre les PR et l’estimation définitive, entre 87T1 et 97T4, et 0,3 de revision moyenne absolue

        Mais http://www.insee.fr/fr/ppp/sommaire/imet126_b_chapitre_1_presentation_comptes_trimestriels.pdf

        Des estimations plus récentes donnent 0,2 de révision absolue moyenne au bout de deux ans, mais surtout, moins de 0,1 de révision entre les PR et les RD.

        Enfin l’essentiel de la révision ensuite provient d’actualisation de coefficient CVS, donc réviser dans un sens le T2 conduira à réviser dans l’autre sens les autres trimestres.

        Enfin je chicane…

    1. François Gourio Auteur de l’article

      Passer de 0.09 a 0.11 c’est une baisse d’environ 20% de la part de la part de l’economie devouée à l’investissement, donc oui c’est tres significatif.
      Une autre facon de le dire, l’investissement augmente moins vite (ou baisse plus) que le PIB sur chacun des 7 derniers trimestres.

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